Actes du colloque "Création et gestion d'une Unité Touristique de Pleine Nature"®
 
THEME III « ANALYSE DES CADRES JURIDIQUES POTENTIELS, REPRODUCTION DU CONCEPT D'UNITE TOURISTIQUE DE PLEINE NATURE, ECONOMIE DES ACTIVITES DE PLEINE NATURE »

"Essaimer en Languedoc Roussillon et... ailleurs" par Charles DENICOURT, président de l'Agence Méditerranéenne de l'Environnement (AME)
" Une aide au développement des zones rurales défavorisées, les financements européens" Michel CARRAUD, Universitaire
"L'apport économique des activités de pleine nature dans le département de la Lozère" Jean DE LESCURE, Vice-président du Conseil général de la Lozère, conseiller général du canton de Villefort
j Questions et commentaires
Gilles ARNAUD Responsable d'activités de pleine nature dans le GARD
Jean de LESCURE à Michel CARRAUD
E. FEUILLADU du Conseil Régional du Languedoc Roussillon
Pierre SPIRITTO Directeur du Comité du Tourisme et de la Société d'économie mixte de la Lozère (SELO)

Charles DENICOURT, président de l'Agence Méditerranéenne de l'Environnement (AME), Président de la Commission Environnement au Conseil Général de la Lozère

Pour tous ceux qui s'occupent d'environnement, il y a quelques règles nouvelles, qui se sont imposées au fur et à mesure des expériences et travaux et qui conditionnent, me semble-t-il, la réussite des projets et des recherches de solution à des problèmes environnementaux.

« L'environnement » c'est « tout ce qui entoure » et quand on veut traiter un problème d'environnement, on ne peut pas le faire seul, dans son coin, quelle que soit sa qualification personnelle. Il faut regrouper et mettre d'accord tous ceux dont l'action professionnelle ou privée a des effets sur le problème traité. Cela entraîne forcément la mise en place de partenariats entre des structures où des personnes très différentes. Au début, cela surprend et puis on y trouve vite un intérêt car les projets avancent. Ainsi, en environnement, on voit des ribambelles de logos sur les publications. Cela n'est souvent pas très esthétique mais cela exprime quelque chose d'important. Des scientifiques, des associatifs, des élus, des techniciens se retrouvent pour travailler ensemble sur des opérations.

La conséquence immédiate de ces partenariats est bien que les problèmes sont traités de façon « globale » avec tous leurs aspects et que les relations de causes à effets sont au coeur de tous les raisonnements.

C'est cela, finalement, l'intérêt des politiques environnementales, agir mais en prévenant des conséquences néfastes qui nécessiteraient plus tard des « réparations » coûteuses dues à des projets mal calculés. Il s'agit de régler des problèmes sans en créer de nouveaux, quelquefois plus graves. Par exemple: lorsqu'on se penche sur l'amélioration de la qualité d'un cours d'eau. Pendant des années, on a cru que supprimer les méandres, enrocher des kilomètres de rives, raser la ripisylve serait bénéfique à la qualité et même parfois à la survie de la rivière.

On s'aperçoit aujourd'hui que nous avons fait complètement fausse route, par manque de connaissances mais surtout par manque de concertation entre les différents partenaires de la rivière, utilisateurs, gestionnaires, scientifiques.

Dans les gorges du Chassezac, il s'agissait de régler un problème de confrontation entre la gestion d'un espace naturel riche et remarquable, le développement d'activités humaines de loisir et toute la question de la responsabilité des élus locaux en terme d'équipement et de sécurité. Nous abordons bien un problème très complexe. Donc, la solution, nous l'avons constaté, n'est pas simple et banale.

Abordons le fond du dossier UTPN.

Le développement des activités de pleine nature, des plus simples (randonnée) au plus techniques (escalade) en passant par les plus exposées (canyoning) est un fait quasiment de société, que tous les gestionnaires de sites naturels remarquables ont à gérer. Les publics sont différents et si les « styles de vie », comme disent certains sociologues, sont nombreux et variés, ils font de plus en plus de place à la rencontre avec les éléments naturels.

Ce point est important à souligner, car il montre que la fréquentation de sites naturels n'est pas une mode passagère mais bien un phénomène qui va durer, et même se généraliser. En effet, de plus en plus l'être humain essaye de se surpasser, il aime ressentir des émotions fortes, il aime se dépasser. Cela lui donne plus de confiance en lui, il en a besoin pour son équilibre physique et mental. Cependant certaines pratiques sportives ne sont pas sans danger pour celui qui gère. Nous avons pu le constater à travers les différents exposés qui ont été développés par les orateurs précédents.

D'autre part, le tourisme de plein air est un phénomène économique loin d'être négligeable pour la vie des hauts cantons : restaurants, hôtelleries, gîtes, rénovation de résidences, animations nature ou structures professionnelles d'activité de pleine nature sont devenus des piliers de la vie économique des zones de montagnes. A ce sujet, je veux confirmer que le rôle des structures environnementales n'est pas, je le répète, de s'opposer au développement d'activités, et je voudrais rassurer tous ceux qui s'inquiètent à ce sujet, mais bien de travailler avec les porteurs de projets pour intégrer l'environnement à la mise en place d'activités que l'on dit « durables », qui ne détruisent pas l'environnement, qui est d'ailleurs lui-même le support même de l'activité touristique et économique en question.

C'est pour ces deux aspects, le fond du sujet et la méthode de travail utilisée, que l'Agence Méditerranéenne de l'Environnement (AME) a soutenu pleinement cette idée d'Unité Touristique de Pleine Nature. Bien entendu la question n'est pas de régler tous les problèmes, tout de suite, mais l'intérêt premier est qu'il existe un cadre de travail, un lieu de réflexion et une stratégie d'aménagement qui permettent de suivre l'évolution des activités et leur impact environnemental. Il faut féliciter les créateurs de ce concept mais aussi les élus des communes qui ont suivi et concrétiser le mouvement. On voit partout des conflits d'usage, des interdictions plus ou moins respectées, des problèmes non réglés, et quasiment jamais ce type d'initiatives. C'est pourtant dans ce type de cadre qu'une association pourra trouver un lieu d'intervention et participer à l'élaboration de solutions pour concilier les activités et la protection du patrimoine naturel.

C'est aussi pour ces mêmes raisons que j'ai volontairement intitulé mon intervention « essaimer en Languedoc- Roussillon et ailleurs ».

Pour ce qui est du Languedoc-Roussillon, l'AME a pour mission de valoriser et de faire partager les bonnes expériences, celles qui apportent une plus-value à la réflexion sur la gestion du territoire régional.

Il existe déjà une initiative, portée par Jeunesse et Sports, le « GRAINE », et l'Association de Pleine Nature Languedoc-Roussillon : "La charte ECO Plein Air", qui est destinée aux professionnels de la pleine nature. C'est un code de bonne conduite environnemental pour eux et pour leurs «clients».

Nous pouvons considérer qu'il existe aussi aujourd'hui, avec le concept UTPN, une initiative destinée aux territoires où se concentrent ces activités et donc que nous avons, entre ces deux directions, l'embryon d'une politique cohérente «de développement durable» des activités touristiques de pleine nature.

Il est remarquable que ces deux actions viennent du «terrain», avec des acteurs issus des professionnels, des associatifs et des élus. La valeur de ces labels qualité en sera d'autant plus importante.

L'AME ne peut que s'associer à cette double démarche, et c'est un engagement que nous prenons ici que de participer à l'essaimage de ces actions en Languedoc- RoussilIon, en appuyant ces initiatives auprès des élus locaux et des professionnels qui gèrent ce type de situations, en aidant les opérations de ce type à se mettre en place partout où existera une volonté locale de se rapprocher de ces objectifs.

« Essaimer en Languedoc-Roussillon » n'est pas une lubie mais une nécessité si on veut améliorer sensiblement la gestion environnementale du territoire régional, tout en contribuant au développement des zones de hauts cantons, que de notre point de vue, la politique d'aménagement du territoire régional ne peut négliger.

Le chantier est ouvert et bien ouvert. C'est à la vitalité de cette région et de ses acteurs que l'on doit ces initiatives qui démontrent que de bonnes solutions peuvent naître du territoire et des hommes qui l'animent. Saurons-nous ensemble en tirer le meilleur message ?

A l'AME nous pensons qu'il faut s'inspirer des bonnes pratiques et ne pas hésiter à les reproduire, tout en rendant à César ce qui appartient à César, aujourd'hui le SIVU des gorges du Chassezac, Jeunesse et Sports Lozère et l'inventeur de l'UTPN, Christian FONTUGNE.

Je le répète, nous apporterons notre concours à ceux qui iront dans ce sens et j'espère que les collectivités territoriales, départements et région, sauront continuer à être des partenaires actifs et présents.

Dernière chose qui m'a paru devoir être soulevée, et là c'est l'élu qui parle, ce concept UTPN me semble prendre le problème de la responsabilité des élus dans le bon sens : des zones équipées, organisées, entretenues ou la responsabilité est claire et des zones «d'aventures», définies comme telle, où la responsabilité des élus n'est pas engagée. Cela me paraît parfaitement gérer, et éclaircir autant que faire se peut, la notion de responsabilité si inquiétante pour la plupart des élus en matière d'activités de pleine nature.

Les responsabilités sont clairement affichées, tout le monde est censé savoir lire et l'équilibre est trouvé entre la recherche de liberté des pratiquants et l'engagement de leur propre responsabilité.

Il y a dans notre belle région du Languedoc-RoussilIon de nombreux sites dans lesquels nous pourrions entreprendre et appliquer le même concept.

Ces sites n'ont pas forcément les mêmes critères de beauté, de difficulté, que ceux de ces magnifiques gorges, ni même ne mobilisent la même volonté de la part des élus. Mais l'AME sera là pour dynamiser et conseiller, en association avec tous les partenaires d'aujourd'hui, de façon à ce que ce concept UTPN puissent se développer et essaimer dans notre région.

Je vous remercie de votre attention.

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